Craignos Covers #1 - Iron Angel
Que serait un album de métal sans une pochette bien craignos (surtout dans les années 80-90) ?
Bien souvent, ces pochettes sont l’œuvre d’illustrateurs, inégalement doués ; tout le monde ne s’appelle pas Manowar ou Motörhead, et ne peut s’offrir des artistes de premier plan comme Frank Frazetta, Joe Petagno, Boris Vallejo ou Ken Kelly.
Ce serait à vérifier, mais il me semble que c’est plus particulièrement vrai pour les petits groupes pratiquant le métal extrême (speed / thrash / death / black), comme si une curieuse corrélation s’établissait entre intensité musicale et niveau de laideur graphique. Faut-il y voir seulement l'effet de budgets faméliques, ou bien un manque de goût confinant à la perversion ?
Dans les cas les plus extrêmes, on devine que la pochette d'album de tel obscur groupe de trash est l’œuvre du petit frère du batteur, qui a vaguement un coup de crayon (feutre), et qui dessine « super bien » les démons.
A ce stade de maladresse, c’en est presque attendrissant…
IRON ANGEL – Hellish crossfire
Voici la 1ère pochette à laquelle j’ai pensé en inaugurant cette série de Craignos Covers :
N'est-ce pas délicieusement laid ?
A commencer par cette palette de couleurs, mon dieu ! Cette grande tâche vert pomme côtoyant ces rouges orangés, tel un drapeau jamaïcain passé au solvant.
Que s'est-il passé ? Le tube de rouge était-il vide pour finir de peindre le dernier quart de l'image ?
Pourtant,
on le voit, l’illustrateur a quand même une certaine maîtrise
technique. On comprend qu’il a beaucoup regardé les illustrations de
Frazetta et cie, mais surtout qu’il est plus à l’aise à dessiner des nanas à
poil que des démons ou des décors.
Ce sol ! On dirait ce que je retrouve dans ma cuvette de toilettes après une cuite et un abus de fondue savoyarde.
Outre les maladresses
techniques, quelques détails hilarants achèvent de priver
l’image de son caractère épique. A commencer par la gueule du Diable,
mi-autiste mi-poivrot, aussi terrifiant qu’une grimace de Jean Lefèvre.
Ou le slip violet du barbare, visiblement emprunté à sa copine.
Ou encore l’embout arrondi à la pointe de l’épée (c’est pour pas se faire mal).
Outre la laideur de l’illustration, tout ici respire l’absence totale d’originalité et d’inspiration.
A commencer par la thématique : un gros barbare et sa copine ailée sont invités à un barbecue géant en Enfer (d'où ma théorie : selon Iron Angel, l'Enfer se situerait précisément au Texas).
Le nom et le logo du groupe réussissent l’exploit de concentrer à peu près tous les poncifs du genre, sur le fond comme sur la forme : un nom associant religion et métal (Ange de Fer !), une typographie gothique, sans oublier le fameux traité métallisé à grand renfort de dégradés marron et bleu (qui semble refléter un ciel estival bien éloigné d’une ambiance infernale).
Les titres des morceaux brillent eux aussi par un niveau d'inspiration proche du zéro absolu : "Metallian", "Sinner", "Black Mass" etc. Sacré exercice de style !
C’est sûr, y a pas tromperie sur la marchandise, on est dans les clous (c’est le cas de le dire) : on a bien là un disque de heavy metal, ou plus précisément, de speed metal, comme on disait à l’époque.
La musique est à l’avenant : un speed metal honnête mais dénué de la moindre imagination. Même à son époque, cet album ne présentait pas grand intérêt.
Reste cette pochette…
Je ne résiste pas au plaisir de vous dévoiler 2 photos des membres du groupe à lépoque de sortie de cet album.
Ne
riez pas, soyez indulgents : on était dans les 80’s, ils étaient très
jeunes et se cherchaient un peu. Et puis ils sont allemands… et en
Allemagne à cette époque, la petite moustache ou la coupe mulet
n'avaient visiblement pas le même impact qu'aujourd'hui.
Songez (pour bien poser le contexte) que c'est l'âge d'or de la série Derrick. Need I say more ?
Je présente mes excuses officielles à l’Abominable pour lui avoir offert cette bouse pour un anniversaire. Mais le choix était restreint ce mardi soir au rayon disques de ma grande surface, il y avait collège le lendemain, et puis j’avais quand même l’espoir que le disque soit meilleur que la pochette (ce qui n’est pas rare dans ce genre de musique).
Raté.
Je ne te remercierai jamais assez oh toi grand Agglo de m'avoir fait découvrir ce disque qui a changé ma vie (pas en bien.....).
RépondreSupprimerSans déconner (c'est difficile avec toi), j'avais complètement oublié le disque, sa magnifique pochette et cette musique!!!!...........
Je ne t'en veux pas, car avant ou après tu t'es bien rattrapé que ce soit en cadeau ou autres enregistrements
Et puis surtout cela aura permis de me faire bien rigoler à la lecture du présent post et en ces temps sombres, c'est déja très très bien...mon man...
Il est bien de savoir que le 1er album d'Iron Angel aura changé la vie d'au moins une personne sur cette planète, c'était un objectif déjà plus qu'improbable. Aussi improbable que cet artwork qui n'en finit pas de me faire pleurer des fluides qui ressemblent à de la moutarde à l'ancienne, mais avec un goût moins sympa.
SupprimerN'oublions pas (et j'en sais quelque chose) que l'aérographe faisait fureur dans les années 80.
SupprimerJe ne résiste pas à l'envie de vous faire partager mon expérience "pochette de merde, groupe de merde". Malheureusement pas en image puisqu'il me semble que les responsables de ma formidable découverte se sont bien chargé de tous faire disparaître. Il s'agissait en revanche d'une photo. "Dead meat", le nom du groupe et probablement le titre de l'album écrit au Ketchup sur le front d'une petite fille au teint livide. Oui, à l'époque, ça m'avait séduit. Et malgré mon appétit pour l'improbable, l'écoute de ce qu'il y avait à l'intérieur m'a totalement dépité. Je pense qu'ils avaient fabriqué leurs guitares et leurs micros eux même, le tout accompagné de casseroles et de passoires... quoi que, si ça avait été le cas s'eu été beaucoup mieux. Inaudible. Et vendu à la Fnac, s'il vous plait. Heureusement que nous ne nous connaissions pas à l'époque. Je vous l'aurais peut-être offert!
Alors je lance un avis de recherche, peut-être serez-vous plus doué que moi en terme "web research". Si vous trouvez cet album, je ne pense pas qu'il changera votre vie mais vous gagnerez un semi remorque de Ketchup! Promis!
Très juste, ta remarque concernant l'aéro, peut-être que je consacrerai un petit post à ce sujet.
SupprimerJ'ai cherché Dead Meat, on trouve plusieurs occurrences y compris le nom d'un groupe de death metal ; en revanche aucune trace de la pochette que tu décris. 30 clous au premier qui la trouve...